Au Japon, la "démission silencieuse" gagne du terrain parmi les salariés

Au Japon, un nouveau phénomène inquiète les entreprises : la "démission silencieuse". De plus en plus de salariés cessent de faire des efforts pour leur groupe, se contentant du strict minimum. Selon une récente étude, cela concernerait aujourd’hui près d’un travailleur sur deux.
Les équipes des ressources humaines évoquent fréquemment ce sujet. Une grande étude d’opinion a récemment été menée, en ce printemps 2025, par la société Mynavi Career Research Lab. Trois mille employés âgés de 20 à 59 ans ont été interrogés sur leur rapport au travail, à l’entreprise, et à leurs motivations.
Près de la moitié des travailleurs, soit 45%, ont déclaré se trouver dans une stratégie de "démission silencieuse", désignée au Japon par le terme Shizukana Taishoku. Chez les moins de 30 ans, cette proportion atteint 47 %. Cette démarche consiste à ne plus faire que le minimum requis au bureau. Aucun comportement répréhensible n’est constaté, mais aucun effort n’est fourni au-delà des tâches assignées. Les mutations habituellement bénéfiques pour la carrière sont refusées, aucun zèle n’est consenti, et les heures supplémentaires sont bannies.
Si le respect du travail est traditionnellement élevé au Japon, une rupture semble s’opérer, en particulier chez les jeunes. Ces derniers rejettent de plus en plus le modèle de vie professionnelle de leurs parents. Dans le sondage, les personnes interrogées indiquent que leur principale motivation pour adopter cette attitude est le souhait de consacrer davantage de temps à leur vie privée. Elles estiment également que leur niveau d’investissement est cohérent avec leur salaire.
Ce point met en lumière une spécificité japonaise : des rémunérations historiquement faibles, issues d’une époque où les entreprises s’appuyaient sur la loyauté et le dévouement inconditionnels de leurs salariés. En conséquence, peu d’efforts ont été réalisés pour revaloriser les rémunérations, et les salaires réels — c’est-à-dire corrigés de l’inflation — sont en baisse continue. Ce contexte est peu propice à la motivation.
Si le phénomène est particulièrement visible au Japon, les services des ressources humaines indiquent qu’il commence également à se faire sentir aux États-Unis et en Europe.
Francetvinfo